Je suis favorable à une réforme des retraites, qui s’impose quoi qu’on en dise en raison du déséquilibre croissant entre le nombre d’actifs et celui des retraités. L’enjeu, c’est que l’on puisse maintenir dans la durée un système de retraite par répartition et que nos jeunes ne se demandent plus s’ils pourront bénéficier demain d’un système de retraite. Cette réforme s’impose également pour introduire plus de justice, d’une part pour revaloriser les petites retraites, notamment celles des agriculteurs, d’autre part pour mieux prendre en compte la pénibilité dans certains métiers, comme le secteur du bâtiment, les professions de santé…
Mais, une nouvelle fois, le gouvernement s’y est mal pris. Il a réussi à faire peur à tout le monde et à se mettre à dos la quasi-totalité des Français, chacun étant persuadé qu’il va y laisser des plumes. Son projet de système universel par points, qui n’a d’universel que le nom, ne convainc personne et affole tout le monde. Il est devenu au fil du temps complètement illisible et donc anxiogène. Sans compter que les énormes bouleversements proposés par le gouvernement n’apportent aucune solution à la question principale qui est celle du financement des retraites.
Pour ajouter à la confusion, le Conseil d’Etat a rendu un avis particulièrement sévère sur le projet de loi. Il juge l’étude d’impact insuffisante, souligne le manque de clarté de la réforme et parle de projections financières « lacunaires ». Ce manque de clarté est accentué par le recours aux ordonnances : pas moins de 29 habilitations à autoriser des ordonnances sont prévues sur 46 articles !
Avec mes collègues députés du groupe Les Républicains, nous avons tenu fin janvier une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour nous inquiéter des conditions dans lesquelles le Parlement va devoir examiner ce texte, avec des délais très courts, un recours aux ordonnances qui est un moyen de contourner le débat parlementaire et surtout avec une absence totale de visibilité sur ses conséquences financières. En effet, les députés vont devoir se prononcer sur ce texte alors que la conférence de financement ne rendra ses conclusions que fin avril, ce qui est totalement inacceptable.
Pour toutes ces raisons, en l’état actuel du projet de loi, j’envisage de voter contre.